Maître Chen Xuejiao 5 ème Duan de la F.F. Karaté et Wushu
Une salle de 500M² dédiée à la pratique du Tai-Chi Quan
Pour la grande majorité des occidentaux, le taiji quan ou tai chi chuan, selon la transcription utilisée, reste associé à l’image de dynamiques vieillards effectuant de drôles de danses lentes parmi la foule matinale des parcs de Pékin...
Mais qui, parmi nous, sait que le taiji quan est considéré comme l’art martial le plus abouti et le plus redoutable par tous les maîtres chinois de ce que nous appelons « kung fu » et par de nombreux autres maîtres orientaux dont certains viennent y puiser de nouvelles connaissances ?
Ainsi, dès lors que nous allons plus avant dans notre découverte, la question se pose pour nous de savoir si une telle pratique est réellement accessible à tous et si nous pouvons espérer en tirer quelque bienfait pour notre vie quotidienne ! Pour tenter de répondre à cette problématique, assez spécifiquement occidentale, il est vrai, (nous nous posons réellement beaucoup de questions inutiles au lieu de pratiquer) il semble indispensable de brosser un rapide historique du taiji quan pour ensuite décrire les spécificités et les finalités de sa pratique ainsi que les bienfaits que l’on peut en attendre, nous pourrons évoquer en dernier lieu les enjeux liés à son implantation réelle en occident en général et en France en particulier.
Outre les origines légendaires qui lui sont souvent accordées, surtout en occident, le taiji quan a une histoire, fondée sur des bases objectives tirées de l’étude de sources orales et écrites. Les recherches du maître en arts martiaux Tang Hao (1897-1959) font autorité sur ce point et déterminent clairement que le taiji quan a été créé par Chen Wanting, guerrier originaire du village de Chenjiagou, dans la province du Henan, représentant la neuvième génération de la famille Chen, dans laquelle fut transmis cet art martial jusqu’à nos jours. Cette création eut lieu au milieu du XVII° siècle, à la croisée des dynasties Ming et Qing. Aucune source crédible et scientifiquement établie n’atteste une apparition antérieure du taiji quan. En effet, ainsi que le montre Tang Hao, l’ouvrage écrit par le maître Qi Jiguang sur les boxes chinoises ne fait aucune allusion au taiji, par contre, son futur créateur, Chen Wanting, connaissait visiblement ce recueil de référence dont il se serait inspiré. Les origines plus lointaines du taiji, souvent évoquées, relèvent donc plus de la légende que de la vérité historique. Elles ne sont parfois qu’une malheureuse tentative des autres écoles de taiji quan pour se détacher de leur origine commune : l’école Chen. Car c’est bien de celle-ci que découlent toutes les autres même si la forme originelle en a été profondément transformée. C’est en effet le maître Chen Changzing (1771-1853) qui transmis l’art du taiji à Yang Luchan (1799-1872) et permit ainsi à cet art ancestral de se diffuser hors de sa famille, ouvrant ensuite la voie à de multiples écoles ( Yang, Wu, etc .). Le taiji originel, authentique art martial, n’a donc rien à voir avec l’image édulcorée véhiculée par les médias qui est aussi l’héritage du temps où Mao Zedong avait voulu en finir avec la pratique des arts martiaux anciens, ne conservant que l’aspect acrobatique et sportif du wushu (art martial chinois que nous appelons « kung fu ») et le taiji comme une simple et esthétique gymnastique assimilable au Qi Qong, effaçant, de la sorte, toute allusion au combat…
C’est donc bien dans la ligne originelle et martiale que s’inscrit le taiji quan Chen Quanzhong. En effet, cette école est celle d’un des plus grands maître chinois actuels, Chen Quanzhong, 19° génération de la famille Chen, aujourd’hui établi dans la ville de Xi’an, proche du village de Chenjiagou dont il est, lui aussi, originaire. C’est le grand-père de Chen Xuejiao qui vit et enseigne désormais en France, à Argelès-sur-mer, grand maître de taiji quan reconnue en Chine, 21° génération de la famille Chen dont elle est le seul membre et la seule ambassadrice ainsi que l’unique représentante officielle et reconnue par la Chine dans notre pays. Mais quelles sont donc les spécificités de son art ?
Nous allons tenter ici d’éviter les termes chinois mal interprétés et les formules trop métaphoriques (Qi, alchimie interne, etc.) très souvent utilisés pour le taiji et qui induisent trop fréquemment un exotisme ou un ésotérisme de mauvais aloi, pour nous en tenir à des formulations aussi simples et concrètes que l’enseignement que professe Xuejiao Chen, parfaitement adapté à un public occidental hétérogène qu’elle sait faire progresser avec réalisme et rigueur.
En effet, avant toute chose, et même considéré à juste titre comme un art « interne », le taiji quan est une pratique physique. Les mouvements lents sont destinés à développer la souplesse du corps et son équilibre postural dont jaillira la force à travers le relâchement mais aussi grâce à l’utilisation juste de son poids et de la respiration. En effet, dans le Taiji Quan Chen qui reste fidèle à sa finalité martiale, il y a des mouvements explosifs qui alternent avec les mouvements lents dans le premier tao (forme), la forme longue ancienne, ou qui constituent la totalité du deuxième tao, la forme courte explosive. Chaque mouvement sera d’ailleurs, au fur et à mesure de l’apprentissage, démontré en application à deux afin de développer le sens du combat et la présence dans l’exécution des formes qui ne sont certainement pas une simple gymnastique ! Plus tard on pratiquera aussi des poussées de mains, exercices d’opposition où l’on doit utiliser la force de l’adversaire pour le mettre en position de déséquilibre ainsi que la forme à l’épée et celle à la lance. Mais attention, chaque nouvelle étape ne peut être franchie qu’avec l’accord du maître qui nous guide et nous accompagne et l’apprentissage est basé sur la répétition incessante des exercices fondamentaux de mise en forme puis de la forme étudiée ! Si le taiji quan Chen nous apprend quelque chose de fondamental, c’est bien cette construction dans la patience que nous avons oubliée depuis si longtemps dans nos sociétés modernes du « tout, tout de suite ! »…
Au-delà de tout cela, le taiji quan de haut niveau inclut des notions très avancées de médecine chinoise car, dans le souci d’équilibre dynamique de la philosophie taoïste dont s’inspire aussi le taiji chuan, la main qui blesse doit aussi être la main qui soigne mais malgré ou à cause de cela, la finalité première du taiji quan, quan peut se traduire par « poing » ou « boxe », est bien celle du combat et l’on doit impérativement en passer par cette étape pour le comprendre et l’apprendre. Ainsi, en plus des bienfaits indéniables pour notre santé que nous apportent la rigueur posturale, la respiration profonde, la stabilité des appuis, la flexibilité de la colonne vertébrale, la mobilité de la taille, du bassin et des articulations, la vigilance de l’ensemble de notre système nerveux et la sensation permanente de notre poids dans la fluidité recherchée du mouvement, nous pourrons apprendre grâce au taiji chuan de la famille Chen, de redoutables techniques de combat tout à fait adaptées à la self-défense, dans un contexte sécurisant et sécurisé car l’approche est progressive et non traumatisante : protéger l’intégrité des pratiquants est aussi un des buts ultimes du taiji ( à quoi sert-il de briser une arme à l’entraînement si on veut l’affûter pour le combat ?). Ainsi toutes et tous peuvent-ils pratiquer sans risque et à tout âge. Evidemment, rares seront les élus qui deviendront des experts à leur tour mais est-ce là le but de notre engagement ? Cette question peut sembler anodine mais elle est pourtant révélatrice des enjeux majeurs que pose la diffusion du taiji quan en France et, plus généralement, en Occident.
En effet, le premier enjeu, nous semble-t-il, est celui de la transmission juste et sincère du taiji quan Chen originel… Plusieurs problèmes sérieux se posent aujourd’hui : celui de l’éloignement de la source, tout d’abord, même les pratiquants les plus sincères qui font des stages avec des maîtres chinois reconnus, ne peuvent le faire que de manière ponctuelle et leur pratique individuelle quotidienne ne peut que se dénaturer sur le long terme, sans l’œil d’un expert pour corriger les défauts qui s’installent immanquablement peu à peu. Comment, dans ces conditions, pouvoir former des enseignants compétents ?
Se pose ensuite la question, déjà évoquée plus haut, de la représentation du taiji comme une gymnastique douce, de santé. Beaucoup de pratiquants viennent au taiji pour cela. Ils peuvent être rebutés voire effrayés par l’approche martiale qui est pourtant l’essence même du taiji quan ! Comment les amener à cette pratique sans laquelle le taiji quan devient vide de sens et perd toute vertu ? Même pour préserver la santé ! (Une pratique martiale bien comprise et non traumatisante à des effets bénéfiques sur notre vitalité et renforce notre système immunitaire !)
Il ne faut pas oublier, enfin, que, profitant de cette image édulcorée et dénaturée, en des termes plus marketing, nous pourrions dire « light », de nombreux enseignants, dont certains se présentent parfois comme experts, vendent, car il s’agit bien et uniquement de cela, une pratique inacceptable, teinté d’exotisme et d’ésotérisme à bon marché (quoi que !...). Ils trompent leurs élèves mais ont pignon sur rue ! Tout cela est bien souvent, hélas, à la limite de l’escroquerie.
Pour conclure brièvement, il s’avère indispensable de rétablir le taiji quan dans toute son authenticité martiale par respect pour cet art mais aussi pour bien des pratiquants aujourd’hui dupés ou dans l’erreur. Cela n’enlèvera rien aux bienfaits de sa pratique, bien au contraire, comme cela n’empêchera pas non plus son accès au plus grand nombre. La formation de cadres compétents en taiji quan Chen est, à ce titre, incontournable. Alors, puisque nous avons la chance d’avoir parmi nous Xuejiao Chen, grand maître de l’école Chen Quanzhong et représentante de la 21° génération de la famille Chen, il est urgent d’en profiter. Il faudra, certes aborder ou revoir avec elle les fondamentaux de la pratique martiale mais, s’il est avéré aujourd’hui que, loin des promesses des légendes taoistes, le taiji ne nous apportera pas l’immortalité, il n’en demeure pas moins qu’il nous amènera en douceur à un art de vivre et de vieillir vigoureusement et en toute intégrité physique et morale.
Chen Xuejiao
5ème DUAN de la F.F.K et disciplines associées
21ème génération de la famille Chen de Chenjiagou
13ème génération héritière du Taiji Quan style Chen
Vice présidente de l’institut de recherche du Taiji Quan style Chen de Xi’an Chine
Maître Chen Xuejiao est née à Xi’an dans la province du Shaanxi. Son grand père Chen Quanzhong senti qu’elle était une élue du Taiji Quan avant sa naissance. Il ne s’est pas trompé ! D’ailleurs, il décide de commencer son éducation en Taiji Quan dès qu’elle atteint l’âge de 5 ans. Elle pratiquera tout les matins et soir sans relâche. A 10 ans, elle participe au premier concours annuel de Taiji Quan dans son pays natal. Plusieurs fois médaillée d’or elle ne cessera de gravir les sommets du Taiji Quan. Après plusieurs passages en Europe, où elle organise des stages de Taiji Quan , c’est en 2010 qu’elle s’installe au Sud de la France, à Argeles sur mer où elle ouvre une école de taiji quan sans pour autant quitter son pays où Xuejiao continue d’organiser des stages.
Institut Franco-Chinois de Taiji quan
10, Rue des Colverts ( Derrière Weldom)
Sortie 10 Lycée Christian Bouquin
Argeles Sur Mer
06 18 93 76 68